René 1er d’Anjou 1409-1480

Le Roi René, sur la fin de sa vie, peint par Nicolas Froment

 

Deuxième fils de Louis II d’Anjou, roi de Sicile, et de Yolande d’Aragon, René 1er d’Anjou est né le 16 janvier 1409 au château d’Angers, aux pieds duquel on voit aujourd’hui sa statue en bronze élevée au XIXème siècle par le sculpteur David d’Angers.
Orphelin à neuf ans, il devient comte de Guise et se marie avec Isabelle, fille et héritière du duc Charles II de Lorraine, le 24 octobre 1420 à Nancy.
Élevé par son oncle, le cardinal Louis de Bar, qui l’adopte, et par son beau-père, il succède au premier en 1430 et au second en 1431.

 

 Sa lutte pour la Lorraine

Fidèle au roi Charles VII, qui avait épousé sa sœur Marie, il assiste, en 1429, au sacre de Reims et s’attire ainsi l’animosité du duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Ce dernier suscite alors contre lui un rival en Lorraine, Antoine de Vaudémont.
Battu et fait prisonnier à Bulgnéville en juillet 1431 par les Bourguignons, il est libéré contre la remise de ses fils Jean et Louis  qui sont retenus comme otages.

En 1434, son titre de duc de Lorraine lui est confirmé à Bâle par l’empereur Sigismond de Luxembourg mais cette décision est contestée par Philippe le Bon qui l’emprisonne  à nouveau (1435) et ne le libère contre rançon qu’en 1437.

 Son rêve napolitain
Une fois libre, il s’épuise alors pendant trois ans à tenter de s’imposer à Naples où il s’est installé dès 1438. Mais, attaqué par Alphonse d’Aragon et assiégé plusieurs mois dans sa capitale (1441), il finit par renoncer à la lutte et rentre en France, ne gardant de son royaume napolitain que le titre (1442). Après la mort de sa première femme, Isabelle de Lorraine, il tente encore une fois, mais vainement, de faire valoir ses droits sur le royaume de Naples.

Les armées de René d'Anjou pendant la guerre de Cent Ans

 

 

 Sa participation à la fin de la guerre de cent ans

Ami de toujours de Charles VII, il contribue à l’arrêt des luttes franco-anglaises, en jouant un rôle actif lors des négociations de Tours et en mariant sa fille Marguerite à Henri VI d’Angleterre en 1445. Puis il participe aux côtés du roi à la reconquête des provinces perdues.

 

 La réduction des possessions de la dynastie angevine

Après la mort de sa première femme, Isabelle de Lorraine,  en 1453, il transmet le duché de Lorraine dont il était co-titulaire, à Jean de Calabre  et confie l’administration du duché de Bar à son gendre Ferry II de Lorraine-Vaudémont en 1456.
Remarié à Jeanne de Laval en 1454, il renonce alors à la grande politique et partage désormais sa vie entre les provinces qui lui restent, à savoir l’Anjou et la Provence, voyageant de l’une à l’autre comme on le faisait couramment à l’époque, c’est-à-dire par la Loire et le Rhône, la jonction s’effectuant par la route de Roanne à Lyon. Il s’attache à restaurer la prospérité économique de ses Etats durement éprouvés par les séquelles de la peste et les conflits incessants et se consacre à la réforme de leur administration.

Son neveu, le roi Louis XI, intervenant constamment en Anjou, il se retire en Provence en 1471. Mais Louis XI fait saisir ses duchés de Bar et d’Anjou, et il ne peut les récupérer qu’en promettant de choisir pour héritier, non le duc de Lorraine René II, mais son neveu Charles du Maine, lequel, à sa mort, est contraint de les abandonner à Louis XI.

Le tombeau de René d'Anjou et d'Isabelle de Lorraine

René fut donc : comte de Guise de 1417 à 1425, duc d’Anjou et comte de Provence et de Forcalquier de 1434 à 1480, duc de Bar de1430 à 1480, duc de Lorraine de 1431 à 1453, roi effectif de Naples de 1438 à 1442, roi titulaire de Sicile de 1434 à 1480  et roi nominal de Jérusalem.

 Décédé le 10 juillet 1480 à Aix-en-Provence, il est enterré à la cathédrale d’Angers aux côtés de sa première épouse, Isabelle de Lorraine, conformément à ses dernières volontés. Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose du tombeau édifié au XVème siècle,  beaucoup de vestiges gothiques de la cathédrale ayant été détruits au XVIIIème siècle pour des  motifs purement esthétiques  .

 

 Un mécène éclairé

Dans ses différentes résidences angevines et provençales, il se livra à l’étude et à la pratique des lettres, des arts et des sciences.C’était un des esprits les plus cultivés de son temps et un mécène éclairé qui protégea les artistes, comme Nicolas Froment, l’auteur du Buisson ardent, cet admirable triptyque de la cathédrale d’Aix.

Il avait lui-même composé plusieurs ouvrages admirablement ornés de miniatures, comme le Mortifiement de vaine plaisance et le Cœur d’amour épris.

source gallica  bnf.fr

Enluminure illustrant le Cœur d'amour épris écrit par René d'Anjou

source gallica bnf.fr

Enluminure illustrant le Cœur d'amour épris écrit par René d'Anjou

Homme d’action malchanceux et piètre politique, il devait laisser par contre le souvenir d’un prince aimable et débonnaire qui sut ramener la prospérité dans ses États et dont la mémoire, enjolivée comme il arrive toujours par la légende, resta longtemps populaire. On l’appelait « le bon roi René« .

Un bâtisseur insatiable

Tant dans son comté de Provence que son Duché d’Anjou, le Roi René a dépensé sans compter pour bâtir ou aménager à son goût châteaux forts et résidences de plaisance.

En Anjou, de nombreux bâtiments du XVème siècles portent sa marque.

Par exemple,  il construit le Châtelet qui sert maintenant d’entrée aux galeries de l’Apocalypse du château d’Angers. Par ailleurs, il consolide et recouvre d’ardoises, le château de Saumur édifié par son père.

Mais il n’aimait pas les grands châteaux qui l’ennuyaient : sa plus grande oeuvre est la reconstruction du château de Baugé achevée en 1465 et dans lequel il séjourne souvent, notamment pour chasser dans les forêts avoisinantes. Il complète également la construction du château de Beaufort en Vallée qu’il a donné en douaire à sa seconde épouse Jeanne de Laval et aménage  le château des Ponts-de-Cé en lieu de séjour agréable en bord de Loire.

D’autres résidences secondaires trouvaient grâce à ses yeux : le manoir de Launay à Villebernier (qu’il avait donné à sa première épouse , Isabelle de Lorraine,et qu’il complète et réaménage après la mort de celle-ci), le manoir de Chanzé (situé à proximité immédiate du château d’Angers et du couvent de la Baumette) pour son vignoble et son accès direct à la Maine et le Manoir des Rivettes aux Ponts-de-Cé (dénommé aujourd’hui Manoir du Rivet) dont il se fait une charmante maison de campagne.

Le  Roi  René  et le  Château  des  Ponts-de-Cé

En Anjou, le Roi René affectionnait tout particulièrement  son château des Ponts de Cé situé sur la Loire et aux portes d’Angers.

Il  l’embellit  «   en  1454  d’un  grand  et  d’un  petit  jardin, celui-ci  voisin  de  l’entrée ; on  y  voyait  des  préaux, des  pavillons, des  volliers  ou  tonnelles, des  accoudoirs  et  bordures  de  bois, des arbres  fruitiers  et  des  plantes variées, spécialement  des  rosiers. Il  n’y  avait  d’abord  comme  clôtures  que  des  haies, suivant  l’usage  du  pays ; aussi  les  pourceaux  venaient-ils  prendre  des  ébats  funestes  à  la  culture. René  donna  l’ordre d’élever  des murs et, en  même  temps, de  lui  faire  un  petit  logis  à  cheminée, du  coté de  devers  le  pont, pour  drecer  et  tenir  viande  quand  il  vouldrait  manger  avec  une  petite  fenêtre  à  treillis qui  regardat  le  long  du  pont.         « 
( extrait tiré de : Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires : d’après les documents inédits des archives de France et d’Italie. vol. 1 / par A. Lecoy de La Marche… -Firmin-Didot frères, fils et Cie -Paris-1875 )